La danse contact (connue aussi sous le nom de Contact Improvisation et l'abréviation CI) a été proposée en 1972 par le danseur chorégraphe post-moderne américain Steve Paxton avec sa pièce désormais historique, Magnésium.

Paxton est issu du collectif le Grand Union dont faisait partie Yvonne Rainer, autre grande figure de la danse américaine et une des principales animatrices de ce qu'on a également appelé le mouvement de la Judson Church.Ce groupe, à la suite des situationnites français, remit en cause la notion même de spectacle. Leurs chorégraphies pouvaient ainsi être exécutées par n'importe qui  et n'importe où): par des danseurs amateurs, des débutants, des personnes âgées, des handicapés, etc. La danse sérieuse retrouva une fonction sociale perdue de vue depuis la coupure de la répartition des rôles entre interprêtes actifs et spectateurs passifs. Trisha Brown, qui fait partie de ce courant post moderne, la sortit du théâtre à l'italienne en imaginant ds chorégraphies qui furent données depuis des toits relativement distants d'immeubles New-Yorkais, dans les jardins publics ou tout bonnement dans des galeries d'art. Steve Paxton voulait une danse avec des individus qui communiquent vraiment, que ce soit en duo ou en groupe, de manière tangible, tactile, terre à terre. Il souhaitait que les partenaires soient complètement disponibles, attentifs aux gestes de l'autre, capables d'adapter leur corps au situations d'appui, d'équilibre et de déséquilibre, sensibles aux lois de la gravité qui sont la base de la danse comme du reste, des arts martiaux, qui l'ont constamment inspiré, des protagonistes ouverts à l'inattendu et prêts à se lancer dans l'exploration de mouvements semblant couler de source, aller de soi ou au contraire, les plus inattendus.

Proches de l'esprit du jazz( et même du free jazz!) les adeptes de cette danse" libre" parlent volontiers de jam( en français:"boeuf") pour désigner une séance ou une performance faite d'improvisations partielles ou totales. Il va sans dire que la danse contact tint compte également des expériences des happenings, moyen d'expression artistique qu'Alain Kaprow introduisit en 1958 dans le milieu de l'art et et de la poésie et auxquels participèrent les danseurs les plus radicaux des années soixante.

photo: Nicolas Villodre

Michèle Tarento

Performance à Anis Gras-Arcueil

le 01-07-2007

A la suite de Mark Tomkins, qui fut le pionnier en France de cette pratique anti- spectaculaire de la danse( il fut sans doute le premier en France à se produire dans ce qu'il est convenu d'appeler de nos jours "des friches industrielles") , Michèle Tarento, médecin et ostéopathe( elle a mis au point une technique inédite, l'ostéo auto éveil qui apporte son grain de sable au ressenti de l'intrerprète ou du pratiquant d'arts martiaux), mais aussi danseuse et chorégraphe, développe la danse contact depuis au moins une quinzaine d'années. Avec sa partenaire Aline Lecler qui est entre autre, prof de gym, elle réalise des performances dans les milieux les plus divers qui vont du monde hospitalier à celui du rock et des cercles du mouvement alternatif, en passant  par les salles de spectacle(le Rex Club, la Forge, la Locomotive). Fin Juin2007, à l'occasion des festivités de la ville d'Arcueil, cité rendue radieuse et glorieuse par Erik Satie, et la mise en valeur d'un site industriel délaissé, l'ancienne usine Anis gras, reconvertie dans les activités culturelles, Michèle Tarento et Aline Lecler se sont produites en duos dans l'espace qui étais autrefois la Distillerie. Cette pièce fait partie d'une série intitulée Mythologies( en référence au recueil des textes sur la vie quotidienne dans les années 60 qu'on doit à Roland Barthes?); la danse tout d'abord silencieuse est agrémentée de ces petits cris primaires ou primaux qui ont du précéder le langage articulé. Les gestes sont ralentis à l'extrême comme en apesanteur; les danseuses, pieds nus, moulées dans des robes sexy aux teintes acidulées rasent le mur de brique qui fait office de décor, finissent par se heurter, se toucher, s'esquiver, enfin se coordonner et rouler à terre( le mot convient bien, le plancher des vaches en ciment n'étant pas vraiment l'idéal pour la danse). Les gestes sont quiets, sereins, paisibles, fluides, précis, les emportements maitrisés. Tout effet entrant décidé par l'une, provoque immédiatement une réplique, une réaction en chaîne, une réponse chez l'autre- ne serait ce qu'un léger sourire! les corps s'en mêlent donc, et finissent par s'emmêler sans agressivité aucune; la danse n'a rien à gagner dans des combats d'un temps révolu; nous sommes dans un art fraternel- au sens féminin du terme, il va sans dire.

Nicolas Villodre  - Danse Light Magazine- article 397

photo: Nicolas Villodre

Aline Lecler et Michèle Tarento

Performance à Anis Gras-Arcueil

le 01-07-2007